60 ans de chansons à son actif et pourtant je suis complètement passée à côté d’Anne Sylvestre. Pas même les Fabulettes lorsque j’étais enfant alors que je peux encore à ce jour chanter par cœur Le Beau Tambour d’Henri Dès ou Le petit caillou, du conte musical Émilie Jolie, interprété par Yves Simon. De ce dernier, je suis d’ailleurs curieuse de découvrir « Génération(s) éperdue(s) » l’album tribute qui fait l’actualité du moment, notamment pour y retrouver O — Olivier Marguerit, que j’ai vu évoluer en tant que musicien pour Los Chicros ou Syd Matters et dont le premier album, Un torrent, la boue, est pour moi une merveille de sensibilité et de jouissance mélodique de bout en bout. Si je ne devais en choisir qu’une, la piste 7, Bebi. — et puis pour Clou, auteure compositrice interprète à la voix cristalline, fan de Star Wars et de Chewbacca, et dont je ne sais quel talent elle n’a pas ! Elle gagne à être connue et en prend bien le chemin.
Digression faite, c’est dans le dernier film de Christophe Honoré dont je parlais vendredi, que j’ai découvert Anne Sylvestre et particulièrement ce son du dimanche. Aux premières notes et particulièrement au premier couplet, j’ai été émue et emmenée. Les gens qui doutent, comme je me reconnaissais là. Quant aux paroles de Écrire pour ne pas mourir, sans même écouter la chanson, j’ai ressenti ce contentement déjà si beau de la sonorité des mots.
Que je sois née d’hier ou d’avant le déluge,
j’ai souvent l’impression de tout recommencer.
Quand j’ai pris ma revanche ou bien trouvé refuge,
dans mes chansons, toujours, j’ai voulu exister.
Que vous sachiez de moi ce que j’en veux bien dire,
que vous soyez fidèles ou bien simples passants
et que nous en soyons justes au premier sourire,
sachez ce qui, pour moi, est le plus important,
est le plus important.
Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, sagesse ou délire,
écrire pour tenter de dire,
dire tout ce qui m’a blessée,
dire tout ce qui m’a sauvée,
écrire et me débarrasser.
Ecrire pour ne pas sombrer,
écrire, au lieu de tournoyer,
écrire et ne jamais pleurer,
rien que des larmes de stylo
qui viennent se changer en mots
pour me tenir le cœur au chaud.
Que je vive cent ans ou bien quelques décades,
je ne supporte pas de voir le temps passer.
On arpente sa vie au pas de promenade
et puis on s’aperçoit qu’il faudra se presser.
Que vous soyez tranquilles ou bien plein d’inquiétude,
ce que je vais vous dire, vous le comprendrez:
En mettant bout à bout toutes nos solitudes,
on pourrait se sentir un peu moins effrayés,
un peu moins effrayés.
Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, tendresse ou plaisir,
écrire pour tenter de dire,
dire tout ce que j’ai compris,
dire l’amour et le mépris,
écrire, me sauver de l’oubli.
Ecrire pour tout raconter,
écrire au lieu de regretter,
écrire et ne rien oublier,
et même inventer quelques rêves
de ceux qui empêchent qu’on crève
lorsque l’écriture, un jour, s’achève…
En m’écoutant, passant, d’une oreille distraite,
qu’on ait l’impression de trop me ressembler,
je voudrais que ces mots qui me sont une fête,
on ne se dépêche pas d’aller les oublier.
Et que vous soyez critiques ou plein de bienveillance,
je ne recherche pas toujours ce qui vous plait.
Quand je soigne mes mots, c’est à moi que je pense.
Je me regardais sans honte et sans regrets,
sans honte et sans regrets.
Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, grimacer, sourire,
écrire et ne pas me dédire,
écrire ce que je n’ai su faire,
dire pour ne pas me défaire,
écrire, habiller ma colère.
Ecrire pour être égoïste,
écrire ce qui me résiste,
écrire et ne pas vivre triste
et me dissoudre dans les mots
qui soient ma joie et mon repos.
Ecrire et ne pas me foutre à l’eau.
Et me dissoudre dans les mots
qui soient ma joie et mon repos.
Ecrire et pas me foutre à l’eau.
Ecrire pour ne pas mourir,
pour ne pas mourir
Photo : Clou dans le clip Génération(s) perdue(s) ©Because Music
Textes, musiques, interprétation, Anne Sylvestre est une artiste parfaite à mes yeux. Je ne connaissais pas cette chanson, lire le texte m’a tiré des larmes, c’est magnifique. Ma belle Noémie, Anne Sylvestre a beaucoup écrit sur la condition féminine, avec force et délicatesse, écoute et reçois le texte de « Une sorcière comme les autres »… Interprétée également magnifiquement par Pauline Julien : https://www.youtube.com/watch?v=COMDaYKJCWs